6 juillet 2011
Gabriele Di Matteo, Le peintre salue la mer, Mamco, Genève, 2005
L’installation picturale se compose de 176 peintures de mimosas et de 140 peintures de vagues, commandées par Gabriele Di Matteo à Salvatore Russo, plus connu sous le pseudonyme de « Salvatore da Mimosa », et à Salvatore Rosa, surnommé « Lupo del mare ». Ces derniers sont des peintres commerciaux napolitains, qui produisent des dizaines de tableaux par jour à destination des touristes. Mais alors qu’habituellement ils exécutent le plus rapidement possible des peintures-clones, Di Matteo leur a demandé de renoncer au mode opératoire qui leur est propre et de modifier imperceptiblement le motif à chaque reproduction. Une potentielle séquence cinématographique se déploie alors sur les murs, où natures mortes et marines s’émancipent du statisme sériel en même temps que les deux peintres endossent une posture artistique temporaire.




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4 juillet 2011
Sturtevant, Warhol Marilyn Monroes, 1965
C’est en 1964 que Sturtevant réalise ses premières répliques d’œuvres de ses contemporains.
De mémoire, elle reproduit les toiles, dessins et objets tridimensionnels d’artistes tels que Warhol, Duchamp, Stella, Johns ou Lichtenstein, dont elle tente de retrouver la technique, les gestes jusque dans les moindres accidents. Elle recourt aux reproductions photographiques (catalogues, cartes postales) pour vérifier les dimensions, les couleurs.
Pionnière de l’Appropriationnisme, Sturtevant questionne, dans le sillon du Pop Art, la crédibilité de l’image, le statut de l’œuvre d’art, la valeur des droits d’auteur, du rôle créateur de l’artiste et remet en perspective la place du musée, censé être garant de la conservation des originaux.

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29 juin 2011
Margit Weinberg Staber, catalogue de l’exposition « Mondrian auf der Tube. Popularisierung und Trivialisierungdr Ideale », Stiftung KKK, Zurich, 1989, 72 p.
L’exposition « Mondrian on the Tube: Popularization and Trivialization of the Ideal », proposée par Margit Weinberg Staber à la Fondation pour l’art constructiviste et concret de Zurich en 1990, abordait à travers l’exemple de Piet Mondrian la question de la récupération de l’œuvre d’art à l’ère de la production de masse et de la démocratisation du style. Les principes prônés par le maître du néoplasticisme (traits exclusivement verticaux ou horizontaux, utilisation des seules couleurs primaires et des non-couleurs) ont connu différentes vagues de reprise. La première suit de près la mort de l’artiste, puisqu’au sortir de la seconde guerre mondiale, ce sont les stylistes et l’industrie textile qui reprennent les motifs mondrianesques. Au milieu des années 60, Yves Saint Laurent relance le phénomène d’influence dans la haute-couture, et depuis les années 80 le style Mondrian connaît un boom dans tous les secteurs de consommation, avec un respect plus ou moins grand de ses principes. L’exposition proposait un cheminement à travers une multitude de copies et imitations pour parvenir au chef d’œuvre de l’artiste intitulé « Composition avec rouge, bleu et jaune » daté de 1930.

Catalogue de l'exposition « Mondrian auf der Tube. Popularisierung und Trivialisierungdr Ideale », 1989

Robe « Première » par Yves Saint Laurent, 1965

Publicité américaine pour la gamme de gels coiffants Studio Line de L'Oréal, 1986

Le modèle Nike Dunk Mondrian, 2008
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18 mai 2011
Edward Burtynsky, série Factories-Manufacturing, photographies 100×125 et 100×150cm, 2004-2005
Le photographe Edward Burtynsky a parcouru la Chine au début du XXIème siècle pour y observer les transformations liées à la production industrielle de masse. La réalisatrice Jennifer Baichwal l’avait suivi à la recherche de ce qu’il appelle les « paysages manufacturés », expression qui avait donné son nom au documentaire sorti en 2006.
« Factories-Manufacturing » est la seule série issue de ce projet où l’humain apparaît véritablement, et il y apparaît déshumanisé : des milliers de travailleurs interchangeables s’étendent sur des kilomètres de lignes de productions, dans les réfectoires et les dortoirs, jusqu’à devenir flous.

Manufacturing #4, Factory Worker Dormitory, Dongguan, Guangdong Province, 2005

Manufacturing #11, Youngor Textiles, Ningbo, Zhejiang Province, 2005

Manufacturing #16, Bird Mobile, Ningbo, Zhejiang Province, 2005

Manufacturing #17, Deda Chicken Processing Plant, Dehui City, Jilin Province, 2005
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11 mai 2011
Raphaël Julliard, Mon sandwich, vidéo, 14′, 2010
Portrait de l’artiste en travailleur : Raphaël Julliard accomplit lui-même toutes les tâches en vue de produire un sandwich jambon-beurre. Il sème et moissonne le blé, pétrit la pâte à pain, assiste à l’abattage d’un cochon, trait la vache, baratte le lait, etc. Accumulant une multiplicité de savoirs-faire par une volonté de contrôle tout aussi extrême que le résultat est dérisoire, il subvertit la logique marchande et questionne la valeur-travail artisanale comme artistique.





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11 mai 2011
Guy Ben-Ner, Treehouse Kit, sculpture et video, 10′, 2005
Dans cette installation, une vidéo présente l’artiste affublé d’une longue barbe et d’un short à fleurs démantelant un arbre constitué de modules variés. En réutilisant chaque élément, ce Robinson Crusoé contemporain crée un ensemble de meubles domestiques génériques tels qu’une table, un parasol ou un rocking-chair. À côté de l’écran, le spectateur retrouve l’arbre préfabriqué, simulacre de nature symbolisant le cercle vicieux de la consommation que nous imposent aujourd’hui nos sociétés capitalistes. Sous l’humour apparent, le ton est grave, Ben-Ner se livre à une satire politique et humaniste critiquant nos rapports à l’environnement.



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12 mars 2011
Christein Meindertsma, Checked Baggage, publié par Soeps Uitgeverij, Eindhoven, 2004
En 2004, la designer Christein Meindertsma a acquis lors d’une vente aux enchère un lot de 3267 objets confisqués aux voyageurs de l’aéroport d’Amsterdam lors des contrôles de sécurité. Le livre, accompagné pour chaque exemplaire d’un réel objet scellé, dresse l’inventaire de ces objets saisi durant une semaine dans les bagages de plus de 600000 passagers. Tire-bouchons souvenir, tournevis, limes à ongles, pinces à épiler, décapsuleurs, épluche-légumes, pistolets d’enfants, compas, briquets, peignes, etc. sont envisagés sous l’angle de leur potentiel danger terroriste et servent de baromètre de notre niveau de paranoïa dans un monde post 11 septembre 2001.





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21 février 2011
Marie le Masson le Golft, Balance de la nature, 1784 (texte publié dans la collection L’écart absolu des Presses du réel, Dijon, 2005)
Femme de lettres, naturaliste et dessinatrice, Marie le Masson le Golft rédige en 1784 un étonnant ouvrage dans lequel elle s’attache à recenser et noter de 0 à 20 un millier d’animaux, végétaux et minéraux, selon différents aspects variables (forme, couleur, instinct, odeur, saveur, etc.).
Ne voulant être juge et partie, elle s’abstient de noter les qualités du genre humain. Surtout, elle ne propose aucune hiérarchie entre les articles, le tout étant censé participer au Grand Œuvre divin.




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17 février 2011
Artfacts, site internet fondé en 1998
Depuis 2001, le site Artfacts.net a mis en place un système de classement intitulé Artist Ranking, dont le but est de situer les artistes selon « l’attention que les professionnels leur portent », afin de fournir aux professionnels comme aux amateurs d’art un aperçu objectif de l’état actuel de l’art contemporain international.
Se basant sur des données économétriques, la méthode s’appuie sur les travaux de différents économistes, en particulier George Franck selon qui la renommée, dans le monde culturel, représente un facteur économique qui suit les mêmes mécanismes que le capitalisme.
Si la méthode est au final plus ésotérique que scientifique, et si le site se défend d’être le reflet du succès économique réel de l’artiste, il n’en rend pas moins compte de l’imbrication profonde des relations marchandes et institutionnelles.


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14 février 2011
Chris Anderson, « The Long Tail », article publié dans le mensuel Wired, octobre 2004
S’appuyant principalement sur des exemples provenant du milieu de l’édition et de l’industrie musicale, Chris Anderson propose en 2004 la théorie de la Longue Traîne (Long Trail) et décrit l’émergence d’une nouvelle « nouvelle économie » qui révolutionne le marketing et rend obsolète dans de nombreux domaines la notion même de rareté, fondement de la théorie économique. Selon cette théorie, Internet et la numérisation produiraient un déplacement de la demande vers les titres jusqu’alors ignorés. A son tour, cette évolution de la demande induirait de nouveaux modèles économiques s’appuyant sur la diversité, les communautés, l’effet de recommandation, etc.
Des études critiquent le fait que les niches puissent devenir le marché de demain, et relativisent les effets vertueux de la longue traîne, en termes économiques plus que culturels.

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