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Richard Buckminster Fuller (1895-1983)

Surtout célèbre en tant qu’architecte pour ses dômes géodésiques, dont il n’est pourtant pas précisément l’inventeur (puisqu’il s’est appuyé sur les travaux du Dr Walther Bauersfeld), Buckminster Fuller a, plus largement, appliqué aux domaines de l’architecture, de l’ingénierie et du design, sa vision systémique du monde. Pour lui, la géométrie analytique naturelle de l’univers se fonde sur des groupements ordonnés de tétraèdres. Visionnaire, il a défendu des valeurs humanistes, écologistes et pacifistes, à travers ses écrits, inventions et constructions. Sa « Dymaxion map » est une sorte de cartographie cubiste ou d’origami géant qui consiste en la transformation du globe terrestre en un icosaèdre, polyèdre à 20 faces triangulaires. Une fois déplié en une surface plane, le monde y est comme « vu du dessus », sans hiérarchie de lecture, les continents formant une seule et même île au milieu de l’océan. C’est de cette équivalence et de cette interdépendance entre eux dont Fuller voulait nous faire prendre conscience.

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Dymaxion map, 1954

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Sphère géodésique

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Buckminster Fuller dans son atelier, 1948

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TENSILE-INTEGRITY STRUCTURES-TENSE GRITY, de la série “Inventions: Twelve around one“, 1981, Deutsche Bank Collection

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Raphaël Zarka, Les formes du repos, photographies, depuis 2001

Plasticien et essayiste, Raphaël Zarka allie approche physique et conceptuelle, ou sociologique, du monde. « Les formes du repos » est une série photographique présentant des objets en béton comme laissés à l’abandon dans des contextes naturels, et qui s’en détachent nettement en tant que figures géométriques, courbes ou orthogonales. A la manière des Becher, Zarka constitue, à partir de ces productions humaines, une sorte de taxonomie archétypale, mais il y réinjecte du sens, un imaginaire, plus proche en réalité de la posture d’un archéologue du contemporain que de celle d’un photographe documentaire. Saisies dans un état de gestation, telles de géants fossiles artificiels, ces formes ne sont jamais muettes et portent les traces de leur existence utilitaire. D’une « compacité poreuse », comme toute l’oeuvre de l’artiste qu’il décrit par cette oxymore, elles sont autant de « prises sur le réel », qui dévoilent les récurrences, ou enchevêtrements historiques, reliant des choses faites par l’homme à d’autres produites par la nature.

Les formes du repos n°1, 2001

Les formes du repos n°1, 2001

Les formes du repos n°2, 2001

Les formes du repos n°2, 2001

Les formes du repos n°5, 2002

Les formes du repos n°5, 2002

Les formes du repos n°6, 2002

Les formes du repos n°6, 2002

Les formes du repos n°8, 2003

Les formes du repos n°8, 2003

Les formes du repos n°9, 2006

Les formes du repos n°9, 2006

Les formes du repos n°10, 2006

Les formes du repos n°10, 2006

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Olafur Eliasson, The New York City Waterfalls, 2008

Se souvenant peut-être de la phrase de Béatrice Woods selon qui « les seules œuvres d’art que l’Amérique ait données sont ses tuyauteries et ses ponts » (revue The Blind Man, N° 2, 1917, p. 5 – article paru anonymement au sujet de « Fontaine » de Marcel Duchamp), Olafur Eliasson a installé durant l’été 2008 quatre cascades sur les berges de l’East River, entre Manhattan, Brooklyn et Governors Island. Chaque installation pompaient l’eau à travers des structures en métal à un débit de 132 000 litres par minute avant de la laisser tomber naturellement d’une hauteur de 27 à 37 mètres, créant ainsi de factices chutes d’eau en pleine rivière.

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Carleton Watkins, vues stéréoscopiques, 1960′ – 1970′

Les cartes stéréoscopiques de Carleton Watkins sont parmi les premières photographies du site naturel du Yosemite. Elles contribuèrent à faire évoluer la législation quant à sa préservation.
En juillet 1861, Watkins accéda à la vallée avec son lourd et encombrant matériel à travers le bosquet de séquoias géants de Mariposa Grove, aidé d’un assistant et d’une douzaine de mules. Il revint de son séjour avec 100 vues stéréos et 30 vues de très grands formats (de l’ordre de 45.7 × 55.9 cm). Il les vendait à l’occasion de foires ou par le biais de la « Yosemite Art Gallery » qu’il fonda à San Francisco en 1971, mais ses lacunes en tant qu’homme d’affaires le menèrent à la banqueroute en 1975.

"Piwyac, or the Vernal Fall, and Mt. Broderick, 300 feet" 1961

Piwyac, or the Vernal Fall, and Mt. Broderick, 300 feet, 1961

The foot of the Vernal Fall, 1961

The foot of the Vernal Fall, 1961

Between the Vernal and Nevada Falls, 1961

Between the Vernal and Nevada Falls, 1961

At the Mechanics' Institute, San Francisco, 1960

At the Mechanics' Institute, San Francisco, 1965

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Gabriele Di Matteo, Le peintre salue la mer, Mamco, Genève, 2005

L’installation picturale se compose de 176 peintures de mimosas et de 140 peintures de vagues, commandées par Gabriele Di Matteo à Salvatore Russo, plus connu sous le pseudonyme de « Salvatore da Mimosa », et à Salvatore Rosa, surnommé « Lupo del mare ». Ces derniers sont des peintres commerciaux napolitains, qui produisent des dizaines de tableaux par jour à destination des touristes. Mais alors qu’habituellement ils exécutent le plus rapidement possible des peintures-clones, Di Matteo leur a demandé de renoncer au mode opératoire qui leur est propre et de modifier imperceptiblement le motif à chaque reproduction. Une potentielle séquence cinématographique se déploie alors sur les murs, où natures mortes et marines s’émancipent du statisme sériel en même temps que les deux peintres endossent une posture artistique temporaire.

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Sturtevant, Warhol Marilyn Monroes, 1965

C’est en 1964 que Sturtevant réalise ses premières répliques d’œuvres de ses contemporains.
De mémoire, elle reproduit les toiles, dessins et objets tridimensionnels d’artistes tels que Warhol, Duchamp, Stella, Johns ou Lichtenstein, dont elle tente de retrouver la technique, les gestes jusque dans les moindres accidents. Elle recourt aux reproductions photographiques (catalogues, cartes postales) pour vérifier les dimensions, les couleurs.
Pionnière de l’Appropriationnisme, Sturtevant questionne, dans le sillon du Pop Art, la crédibilité de l’image, le statut de l’œuvre d’art, la valeur des droits d’auteur, du rôle créateur de l’artiste et remet en perspective la place du musée, censé être garant de la conservation des originaux.

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Margit Weinberg Staber, catalogue de l’exposition « Mondrian auf der Tube. Popularisierung und Trivialisierungdr Ideale », Stiftung KKK, Zurich, 1989, 72 p.

L’exposition « Mondrian on the Tube: Popularization and Trivialization of the Ideal », proposée par Margit Weinberg Staber à la Fondation pour l’art constructiviste et concret de Zurich en 1990, abordait à travers l’exemple de Piet Mondrian la question de la récupération de l’œuvre d’art à l’ère de la production de masse et de la démocratisation du style. Les principes prônés par le maître du néoplasticisme (traits exclusivement verticaux ou horizontaux, utilisation des seules couleurs primaires et des non-couleurs) ont connu différentes vagues de reprise. La première suit de près la mort de l’artiste, puisqu’au sortir de la seconde guerre mondiale, ce sont les stylistes et l’industrie textile qui reprennent les motifs mondrianesques. Au milieu des années 60, Yves Saint Laurent relance le phénomène d’influence dans la haute-couture, et depuis les années 80 le style Mondrian connaît un boom dans tous les secteurs de consommation, avec un respect plus ou moins grand de ses principes. L’exposition proposait un cheminement à travers une multitude de copies et imitations pour parvenir au chef d’œuvre de l’artiste intitulé « Composition avec rouge, bleu et jaune » daté de 1930.

 catalogue de l'exposition « Mondrian auf der Tube. Popularisierung und Trivialisierungdr Ideale », 1989

Catalogue de l'exposition « Mondrian auf der Tube. Popularisierung und Trivialisierungdr Ideale », 1989

 Robe « Première » par Yves Saint Laurent, 1965

Robe « Première » par Yves Saint Laurent, 1965

Publicité américaine pour la gamme de gels coiffants Studio Line de L'Oréal, 1986

Publicité américaine pour la gamme de gels coiffants Studio Line de L'Oréal, 1986

Le modèle Nike Dunk Mondrian, 2008

Le modèle Nike Dunk Mondrian, 2008

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Ben, pratique artistique et produits dérivés


Depuis les années 50, le propos de Ben Vautier dit Ben est de faire de la vie quotidienne le lieu à part entière de l’art. En parallèle de ses actions, peintures, installations et appropriations, il produit de nombreux aphorismes que caractérise son écriture enfantine au lettrage blanc sur fond noir. La reproduction de ces messages, d’abord impertinents et drôles, sur tous types d’objets commerciaux, comme des cahiers, trousses, stylos et même chaussettes, a progressivement fait de la signature de l’artiste une marque à part entière. Cet aspect de sa démarche, aujourd’hui récupéré, décliné et copié à tout va par le système économique, en fait pour beaucoup un professionnel du marketing plus que de toute forme de transgression.

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BEN, J’ai voulu abandonner l’art mais j’en ai fait de l’art, 1970 – © Adagp, Paris, 2009

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Wallpaper by Artists®, agence basée à Lyon, créée en 2006

Anciens étudiants de l’École nationale d’Art de Dijon, Blandine Morel et David Poissenot ont créé l’agence Wallpapers by Artists en 2006. Ils produisent et commercialisent une collection originale de papiers peints haut de gamme en offrant aux artistes contemporains un médium spécifique d’intervention, que l’on retrouve aussi bien dans les pages conseils de Marie-Claire que sur les cimaises des plus grands musées.

Geoffroy Gross, 2006

Geoffroy Gross, 2006

Olivier Mosset, 2006

Olivier Mosset, 2006

Loïc Raguénès, 2006

Loïc Raguénès, 2006

Mai-Thu Perret, 2008

Mai-Thu Perret, 2008

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Gaël Grivet, Végétatif, impression jet d’encre sur papier adhésif, 2008 – Piano Nobile, Genève, 2008

Déjouant l’inéluctable et rassurante répétition du motif intrinsèque à tout papier peint, Gaël Grivet s’adjoint les services d’un informaticien pour mettre au point un code permettant de générer un motif végétal totalement aléatoire, sans répétition aucune.

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