Archive pour octobre 2010

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Mercredi 27 octobre 2010

Hamid Maghraoui, PPDA 10 février 2000, video, 22", 2000 et Offset 5, Offset 6, Offset 7, video, 3′50, 2003, collection Frac LR

Cette série de vidéos est constituée des montages de diverses séquences de journaux télévisés dans lesquelles seules le présentateur est visible et seules ses respirations sont perceptibles. Mis bout à bout, ces courts instants d’inspiration ou d’expiration créent un rythme saccadé qui rappelle celui de machines et met à mal le principe de communication lié à l’information télévisuelle. Cette mécanique répétitive donne l’impression d’une déshumanisation des personnalités choisies, transformées en instruments par le système médiatique qui les dirige.

PPDA

PPDA2

Offset5

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Jeudi 21 octobre 2010

Gil J. Wolman, La Mémoire, Mégapneumes, 1967, poème sonore publié dans la revue « ou », n°33, 1968

Au sujet de ses « mégapneumies », par lesquelles il entend, dès 1950, purger les sons de tout signifié, Gil J. Wolman déclarait : « Jusqu’en 1949, avant que je rencontre Isou, je me nourrissais de la poésie avec des mots, et à partir de cette année, j’ai jeûné et suis passé de la lettre à la respiration, ce que j’appellerai plus tard la poésie physique ». Dans un entretien de 1982, il ajoute : « […] je me suis aperçu que les lettres étaient faites surtout du souffle. Prenez la lettre « b », la lettre « b » n’existe pas. La lettre « b » est formé de [b] et de [e], du souffle [e]. J’ai donc dissocié le [b] du [e]. […] Tout cela pour vous dire que la mégapneumie est une chose très simple. Vous prenez les lettres, vous les réduisez à leur véritable élément, à leur souffle, vous pouvez ensuite les structurer ainsi [suivent des exemples]. J’ai trouvé là une gamme assez considérable de sons et je me suis amusé à faire des constructions, ce que j’appelais des mégapneumies soit de la poésie à base du souffle ».
De ces expérimentations, les rares enregistrements qui demeurent donnent à entendre un langage primal fait de sons désarticulés, spasmes et râles étouffés.

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Mercredi 13 octobre 2010

Orlan, Le baiser de l’artiste, performance, FIAC, Grand Palais, Paris, 23 octobre 1977

A l’occasion de la FIAC au Grand Palais en 1977, Orlan propose une performance qui déclencha un énorme scandale. Assise derrière une photo grandeur nature de son corps nu comportant une fente communiquant avec un collecteur de pièce, l’artiste monnaye ses baisers. Pour le même prix de 5 francs, les visiteurs pouvaient acheter et brûler un cierge au pied d’une autre photographie grandeur nature de l’artiste, travestie en Madone. Ainsi, l’artiste confronte-t-elle la Vierge à la Putain, le pur à l’impur, oppositions toujours prégnantes dans la société contemporaine. Il s’agissait à la fois de revendiquer la liberté sexuelle des femmes et de proposer une réflexion sur la prostitution des artistes au sein du marché de l’art.

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Samedi 9 octobre 2010

Herman Casler, Mutoscope,  feuilleteur, 1894

A la fin du XIXème siècle, nombreux sont les appareils descendants des Peep shows qui tentent de recréer le mouvement de la vie réelle. Le Mutoscope est la première machine faisant l’application du principe de la persistance de la vision étudié par Muybridge et Marey. Les images prises avec un Mutograph, une des premières caméras photographiques, sont assemblées comme une roue et feuilletées mécaniquement, après l’introduction d’une pièce dans la machine, par l’action d’une manivelle à la vitesse de 16 à 18 images par seconde.
Le succès du Mutoscope fut rapide aux États-Unis, notamment dans les « penny arcade », sortes de salles de jeux de l’époque. En Angleterre, il était appelé « What the Butler Saw », du nom d’une des plus célèbres roues d’image, montrant une femme se déshabillant partiellement, comme si le majordome regardait à travers le trou de la serrure.

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Samedi 2 octobre 2010

Francisco des Goya, Tuti li mundi, lavis et crayon ou craie, 1808–14

Exposées dans les foires des grandes villes ou transportées par les saltimbanques sur des chariots à travers les campagnes, les boîtes d’optique constituaient de véritables attractions aux XVIIIème et XIXème siècle. Une certaine magie émanait de ces dispositifs qui immergeaient le grand public dans des paysages, des vues de villes et des espaces inconnus. Leurs ouvertures étaient comme des fenêtres ouvertes sur des mondes nouveaux. « Mondo Nuevo » ou « Tutilimundi »  était d’ailleurs le nom donné en Italie à ces cosmoramas portatifs, appelées également « Peep show » en Angleterre.
Fin connaisseur de la camera obscura, qu’il utilisait pour réaliser certains de ses dessins, Goya dépeint ici avec grivoiserie un jeune homme à la fois regardeur et regardé.

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