Gil J. Wolman, La Mémoire, Mégapneumes, 1967, poème sonore publié dans la revue « ou », n°33, 1968
Au sujet de ses « mégapneumies », par lesquelles il entend, dès 1950, purger les sons de tout signifié, Gil J. Wolman déclarait : « Jusqu’en 1949, avant que je rencontre Isou, je me nourrissais de la poésie avec des mots, et à partir de cette année, j’ai jeûné et suis passé de la lettre à la respiration, ce que j’appellerai plus tard la poésie physique ». Dans un entretien de 1982, il ajoute : « […] je me suis aperçu que les lettres étaient faites surtout du souffle. Prenez la lettre « b », la lettre « b » n’existe pas. La lettre « b » est formé de [b] et de [e], du souffle [e]. J’ai donc dissocié le [b] du [e]. […] Tout cela pour vous dire que la mégapneumie est une chose très simple. Vous prenez les lettres, vous les réduisez à leur véritable élément, à leur souffle, vous pouvez ensuite les structurer ainsi [suivent des exemples]. J’ai trouvé là une gamme assez considérable de sons et je me suis amusé à faire des constructions, ce que j’appelais des mégapneumies soit de la poésie à base du souffle ».
De ces expérimentations, les rares enregistrements qui demeurent donnent à entendre un langage primal fait de sons désarticulés, spasmes et râles étouffés.