Hacked By MR.GREEN

Marcel Duchamp († 1968), épitaphe, cimetière de Rouen

Plus qu’une plaisanterie ôtant à la mort sa gravité, la formule gravée sur la tombe fait état de l’impossibilité de l’expérience de la mort : nous ne pouvons être témoins que de la mort d’autrui.

Adrian Dennis, Paul Vicente, vues des parterres de fleurs, d’hommages et de ballons déposés devant les grilles de Kensington Palace après la mort de Lady Diana, 31 août 1997

Le décès tragique de la princesse de Galles provoqua un épanchement inédit de par le monde.
Deux milliards et demi de personnes auraient suivi les obsèques à la télévision selon les spécialistes.

Pleureuses, Fresques figurant dans la tombe du général Horemheb, Saqqara, XVIIIè Dynastie, 1500 BC

Durant les cérémonies funéraires, les pleureuses, par leurs cris et les versets scandés, rythmaient le transport de la dépouille vers sa dernière demeure. Les pleureuses étaient des vierges orphelines que des prêtres recueillaient pour accomplir ces tâches en échanges d’un logement, de la nourriture et de grammes d’or. Les familles des morts louaient ces femmes au prix fort car ces dernières devaient aussi se jeter du sable sur les cheveux et surtout frapper aux portes pour annoncer la perte, malgré les risques encourus.

Mathilde Monnier & La Ribot, Gustavia, 2008

Dès la première scène du spectacle, en campant avec outrance et malice le rôle de pleureuses, les deux femmes relèguent hors-scène la mort, thème central de la pièce avec le sexe et l’identité.

Claus Sluter, aidé de son neveu Claus de Werve, Puits de Moïse, ancien piédestal de calvaire situé dans le cloître de la chartreuse de Champmol (à 25 km au nord de Dijon), commandé par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, sculpté entre 1396 et 1403, peint et doré par Jean Malouel et Herman de Cologne en 1403

Au dessus des six prophètes absorbés dans la préfiguration de la Passion, six anges éplorés annoncent la mort du Christ. Ils participent, avec la description minutieuse des accessoires et des vêtements, avec les visages si individualisés qu’ils semblent issus d’une étude ethnologique, à un naturalisme et un souci de vérité inédit. Sans doute inspirée des mystères, représentations théâtrales sacrées, la mise en scène révèle un sens dramatique inhabituel obtenu grâce à la variété des attitudes majestueuses et à l’amplitude des drapés qui obéissent aux lois de la gravité.

Hennequin de Bruges (aka Jean de Bandol), Tapisserie de l’Apocalypse, réalisée dans les ateliers parisiens de Nicolas Bataille et de Robert Poisson, achevée vers 1382, Château d’Angers.

La plus grande tapisserie médiévale du monde illustre le texte de Saint-Jean avec quelques clins d’oeil sur la vie politique et sociale du XIVe siècle. En tête de chacune des 7 pièces, un personnage sous un baldaquin introduit le spectateur à la lecture allégorique des visions que Jean aurait reçues à la fin du Ier siècle.

Deuxième pièce de la tapisserie, quatrième trompette : l’Aigle de malheur.

Verset 8,13 « Alors je regardai, et j’entendis la voix d’un aigle qui volait au milieu de l’air et disait à haute voix : « Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre, à cause des autres voix des autres anges qui doivent donner de la tompette. » Le triple malheur qu’apporte l’aigle est rendu, sur la tenture, par la ville détruite et les mots de malheur (en latin « Ve, Ve, Ve ») tissés sur le phylactère que l’oiseau tient dans ses pattes et son bec.

Cinquième pièce : La chute de Babylone envahie par les démons.

Albrecht Dürer, A Heavenly Body (reverse of Saint Jerome), oil on pearwood, 23.1 x 17.4cm, c. 1496 -  The National Gallery, London

Au revers d’une peinture figurant Saint Antoine (lequel aurait entendu les trompettes du Jugement dernier) cette scène est probablement une vision de la fin du monde telle que décrite dans le livre de la Révélation du Nouveau testament, selon lequel « les étoiles du ciel tombèrent sur la terre » (Apocalyspe 6:13)

Gianni Motti, Big Crunch Clock, 1999

Horloge digitale décomptant – au dixième de seconde près – les cinq milliards d’années qui séparent le soleil de son explosion.

Mamco, Genève, 2009

Mamco, Genève, 2009

Palais de Tokyo, Paris, 2008

Adrien Missika, HMI, DV transferred to DVD, 1′33 », 2006 – Centre d’Art Contemporain Genève, 2009

Originellement intitulée « One big crunch », cette courte video-installation au son trés travaillé procure une sensation d’apocalyspe qui contraste avec la simplicité de son procédé : l’artiste a filmé un mur s’éclairant sous l’action d’une lampe de cinéma HMI,créant ainsi un effet de mise en abyme.

Fiorenza Menini, Untitled, video, 28’, 2001, collection Frac LR

11 septembre 2001. Entre l’effondrement d’une tour et celui de la seconde, le temps s’étire.
28 minutes de silence, durant lesquelle le visible s’efface progressivement avant de réapparaître, presque à l’identique. Tout sera comme avant.