Catherine Millet, La Vie sexuelle de Catherine M., Le Seuil, 2001
Dans ce livre, qui fit scandale et sensation, la critique d’art et directrice d’Art Press a cherché à « établir […] la vérité d’un être singulier ». À plus de 50 ans, elle a posé un regard de théoricienne sur l’évolution de ses pratiques sexuelles, décryptant chaque attitude comme elle l’aurait fait pour les formes utilisées par un artiste plasticien. Sur un ton volontairement neutre, elle décrit le personnage de Catherine M., qui est en grande partie elle-même et qui, pendant longtemps, a privilégié la multitude, et notamment les foules d’inconnus pour ses ébats.Dans les premières pages, elle offre son corps sans aucune appréhension, invoquant sa régularité d’humeur et sa faculté à « rentrer en elle », et plus loin, seule avec l’homme qui partage sa vie, elle expérimente une posture inverse, s’ouvrant à ce qui l’entoure : « cette joie extrême éprouvée lorsque les corps, attachés l’un à l’autre, ont la sensation de se déplier », de « s’épanouir à travers toute l’étendue visible ».